Débat autour de l’antibiorésistance Pour le Gie Zone Verte, le « produisons autrement » devrait être mis en pratique
Les vétérinaires du Gie Zone Verte prônent des modes d’élevage plus durables. Ils ne partagent pas les protestations du 6 novembre à l’appel du Snvel (Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral) et dénoncent l’usage abusif de certains antibiotiques, dont quelques molécules devraient être réservées à la médecine humaine. Selon eux, c’est avant tout les pratiques d’élevage à risques qui sont à l’origine de l’usage excessif d’antibiotiques.
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Communiqué du Gie Zone Verte :
« Dans le cadre d'un projet de loi pour réduire l'antibiorésistance, le gouvernement a annoncé, parmi d'autres mesures, son souhait de retirer aux vétérinaires la possibilité de vendre les antibiotiques critiques dernières générations (céphalosporines 3ème et 4ème générations et fluoroquinolones) afin de préserver leur efficacité pour la santé humaine. A cette annonce, une grande partie de la profession vétérinaire s'est mobilisée pour contester ces mesures et a organisé une journée d'action le 6 novembre.
Utilisation abusive
Au service des acteurs de l’élevage et de l’agriculture depuis plus de 10 ans, nous, praticiens vétérinaires du Gie Zone Verte, nous ne partageons ni les fondements ni les argumentaires de cette journée d'action. Dans le respect des points de vue de chacun, la plupart d'entre nous n'ont pas participé à cette manifestation.
Nous dénonçons les utilisations courantes d'antibiotiques critiques. Par exemple pour ceux sans délai d'attente lait * utilisés abusivement sur les boiteries des vaches laitières. Nous sommes pour l’interdiction totale en médecine vétérinaire de l’utilisation des céphalosporines 3ème et 4ème générations ainsi que des Fluoroquinolones, accompagnée d’une actualisation des schémas thérapeutiques pour les autres familles d’antibiotiques.
Objectif minimal du plan Ecoantibio
Nous sommes pour la nécessaire « moralisation » des contrats, l’arrêt des « cadeaux » et la transparence des rapports entre la profession vétérinaire et les laboratoires pharmaceutiques. Nous sommes favorables à l’objectif minimal du plan Ecoantibio qui « vise une réduction de 25 % de l’usage des antibiotiques en cinq ans en développant les alternatives permettant de préserver la santé animale tout en évitant de recourir aux antibiotiques. »
Mais, nous considérons que l'essentiel n'a pas été proposé et qu'une diminution réelle et efficace ne passera que par une (r)évolution des pratiques d'élevage. Concentration des troupeaux, élevage industriel, non-respect des besoins éthologiques des animaux, sélection d’hyper-type génétique, alimentation standardisée... Voilà ce que nous considérons comme les réelles pratiques à risque à l’origine de l'usage excessif des antibiotiques.
Médecines alternatives paralysées
Le slogan développé aujourd’hui par la Dgal (Direction Générale de l’Alimentation) : « Produisons autrement » devrait être réellement mis en pratique. Quand on sait que par exemple en élevage bovins lait Bio, on utilise trois fois moins d’antibiotiques que dans des élevages similaires en conventionnel, on voit bien le lien qui existe entre les conditions d’élevage et le recours aux médicaments chimiques. Par ailleurs, le plan Ecoantibio prévoit une évaluation des médecines dites naturelles, alors que dans le même temps des teintures de plantes et des huiles essentielles voient des restrictions graves de leur usage, et que l’auto-médication avec ces produits par les éleveurs est condamnée par la législation. (voir l'Anses, 04/2013). Ce qui revient à paralyser toutes les évolutions vers les alternatives au moment même où leur utilité apparaît.
Tout ceci illustre bien, à notre sens, l'incohérence et l’absence d'une réelle analyse des causes de la dérive médicamenteuse de l’agriculture de la part des législateurs et des experts qui les orientent. Ce projet de loi pour réduire l’antibiorésistance aux intentions à première vue louables ne peut que bien vite révéler sa pusillanimité et ses insuffisances ... Pour l'ensemble de ces raisons, nous continuerons activement à soutenir toutes les initiatives favorisant les alternatives à l’utilisation des antibiotiques chez les animaux, à savoir la prise en compte des conditions d'élevage pathogènes et le développement des médecines alternatives à la chimiothérapie. »
L’avis des éleveurs
Selon un sondage en ligne sur Web-agri durant la manifestation des vétérinaires le 6 novembre, 80 % des répondants partagent l’avis du Snvel et ne sont pas favorables à la restriction de délivrance de certains antibiotiques par les vétérinaires, comme c’est déjà le cas pour les médecins.
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